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Messier 33

Galaxie Spirale M33 (NGC 598), type Sc, dans le Triangle

Galaxie du Triangle

[m33.jpg]
Ascension Droite 01 : 33,9 (h:m)
Déclinaison +30 : 39 (deg:m)
Distance 3 000 (kilo.al)
Magnitude 5,7 (visuelle)
Dimension apparente 73x45 (min. d'arc)

Probablement découverte par Hodierna avant 1654 puis, indépendamment, par Charles Messier en 1764.

La galaxie du Triangle (M33) est l'un des membres éminents du Groupe Local. Elle est petite comparée à sa grande et apparente voisine, la galaxie d'Andromède (M31), et à notre Voie Lactée, mais par là même dans la moyenne des galaxies spirales de l'univers. Il est possible que LGS 3, l'une des petites galaxies du Groupe Local, soit un satellite de M33, qui serait peut-être elle-même un compagnon lointain de M31, par liaison gravitationnelle.

M33 s'approche de nous (de notre Système Solaire) à 182 km/sec selon R. Brent Tully, ou à 179 +/-3 km/sec selon le Ned. Après correction de notre propre mouvement autour du centre galactique, sa vitesse de rapprochement de la Voie Lactée serait de 24 km/sec.

L'objet M33 a probablement été trouvé en premier par Hodierna avant 1654 (et peut-être en même temps que l'amas ouvert NGC 752) puis redécouvert par Charles Messier, qui l'entra dans son catalogue le 25 août 1764. Cependant, William Herschel, qui par ailleurs évitait soigneusement de donner ses propres numéros aux objets de Messier, entra celui-ci sous la référence H V.17, suite à son observation du 11 septembre 1764. De ce fait, la très grande et très brillante région H II (nébuleuse diffuse en émission contenant de l'hydrogène ionisé) a reçu son propre numéro dans le New General Catalog : NGC 604 (H III.150 de William Herschel) ; située au Nord-Est de la galaxie, c'est apparemment la zone brillante dans le haut de notre image. C'est l'une des plus grandes régions H II connues : elle a un diamètre de presque 1 500 années-lumière avec un spectre analogue à celui de la nébuleuse d'Orion M42. Hui Yang (University of Illinois) et Jeff J. Hester (Arizona State University) ont obtenu une photo de NGC 604 avec le Télescope Spatial Hubble, résolvant plus de 200 jeunes étoiles, chaudes et massives (de 15 à 60 masses solaires), qui se sont formées là récemment.

M33 fut parmi les premières "Nébuleuses Spirales" identifiées comme telles par William Parsons, le Troisième Comte de Rosse ; (voir son dessin). Elle fut aussi dans les premières à être reconnues comme galaxies, dans lesquelles des variables Céphéides ont été trouvées. Edwin Hubble a publié en 1926 une étude fondamentale à ce sujet (Hubble 1926).

Plusieurs autres nébulosités dans les bras spiraux de M33 ont reçu leur propre numéro NGC  : 588, 592, 595 et 603 (quoique cette dernière soit mentionnée dans le RNGC comme introduite par Zwicky, mais non-existante), ainsi que des numéros IC : 131, 132, 133, 134, 135, 136, 137, 139-40, 142, et 143 (le NGC 2000.0 définit IC 134 et 139-40 comme des objets stellaires, tandis que le Webb Society Deep-Sky Observer's Handbook,Vol. 4 [Galaxies] porte IC 139-40 sur la planche page 215 et la met au crédit de Ronald J. Buta du McDonald Observatory, University of Texas). Quelques-unes de ces nébulosités sont également repérées sur notre carte. Kenneth Glyn Jones fait remarquer qu'elles devraient être visibles dans un télescope de 30 cm. La géante nébuleuse à émission NGC 595 a été étudiée par William H. Waller avec le HST (voir Astronomy, de juin 1995, p. 16-18) ; il a ainsi pu résoudre les étoiles massives et chaudes qui excitent le gaz de cette nébuleuse et la font briller.

Notre image, obtenue par David Malin à partir de plaques photographiques réalisées avec le Télescope Isaac Newton de La Palma, montre beaucoup de ces objets dans les bras de cette superbe spirale Sc (NGC 604, par exemple, est la tache rouge apparente dans le haut gauche de la photo). Les lecteurs intéressés trouveront ici de plus amples informations sur cette image. En appliquant à la photo de M33 les traitements appropriés, David Malin a pu obtenir différentes images faisant ressortir telle ou telle caractéristique.

Les résultats apportés par le satellite Hipparcos ont conduit à une révision de l'échelle des distances cosmiques, donc aussi à la distance de M33 avec une nouvelle valeur d'environ 3 millions d'années-lumière. La plupart des sources trouvent une distance comprise entre 2,3 et 2,4 millions d'années-lumière, mais le Sky Catalogue 2000.0 donne plus de 2,9 millions (900 kpc), ce qui, par chance, est plus proche des résultats obtenus en 1997 suite à la recalibration de l'échelle des Céphéides par Hipparcos. En 1991, des recherches sur des Céphéides dans M33 (Freedman et al., 1991) ont montré que cette dernière était à une distance de nous légèrement plus grande que celle de la Galaxie d'Andromède. En retenant nos valeurs, la distance entre M33 et M31 est d'environ 750 000 années-lumière. Pour un grand axe vu sous un angle de 73 minutes d'arc (2,5 fois le diamètre lunaire) on en déduit une extension linéaire d'environ 50 000 années-lumière, soit la moitié de la Voie Lactée. Cependant les couches les plus faibles semblent se prolonger bien plus loin, de sorte que le diamètre réel serait d'au moins 60 000 années-lumière. La masse de la Galaxie du Triangle a été estimée entre 10 et 40 milliards de masses solaires.

M33 est de type Sc, et même un "ancien" représentant de ce type, ce qui a permis à Tully de le classer Scd dans le Nearby Galaxies Catalog. Les bras bien marqués font apparaître de nombreuses régions rougeâtres H II (dont NGC 604), ainsi que des nuages bleutés de jeunes étoiles. Des amas globulaires ont été trouvés tandis que Baade a découvert des étoiles de Population II. Bien qu'aucune supernova n'ait été détectée à ce jour dans la galaxie du Triangle, plusieurs vestiges l'ont été, et même cartographiés avec grande précision par les radioastronomes. Enfin on a découvert au moins 112 variables dans M33, dont 4 novae et environ 25 Céphéides, ainsi qu'une puissante source X.

L'observation de cette galaxie peut être tentée à l'œil nu dans des conditions exceptionnellement bonnes ; c'est donc, pour la majorité des gens, l'objet le plus lointain visible à l'œil nu (il a été très rarement rapporté que des observateurs aux yeux d'aigles ont réussi à voir M81 à l'œil nu, mais ceci doit être considéré comme tout à fait exceptionnel).

M33 est remarquable dans de bonnes jumelles malgré sa brillance unitaire extrêmement faible du fait de sa brillance totale également répartie sur une surface de presque quatre fois celle de la Pleine Lune. Il est d'ailleurs difficile, voire impossible, d'observer cette galaxie à travers un instrument ne permettant pas d'utiliser un faible grossissement : ici le plus faible est le mieux ! L'auteur de ces lignes a obtenu le meilleur résultat avec une lunette de 6 pouces (15 cm) et un grossissement de 25. M33 est aussi un grand sujet de satisfaction pour l'astrophotographe qui peut capter les bras spiraux et les brillantes nébulosités, avec un équipement vraiment peu onéreux.

Des observateurs plus ambitieux, équipés d'instruments puissants (de plus de 40 cm d'ouverture), peuvent essayer de détecter des amas globulaires, comme Rich Jakiel qui a réussi à en trouver cinq avec un télescope de 50 cm.

  • Historique des Observations et Descriptions de M33
  • Images de M33 depuis le UIT (Ultraviolet Imaging Telescope), prises lors de la mission Astro-1 de la Navette Spatiale (STS-35).
  • Autres images de M33
  • Images Amateurs de M33

    Liens

    Références : (Version originale)


    Hartmut Frommert
    Christine Kronberg
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    Dernière modification : 11 août 2005

    Traduction française
    Bernard Trézéguet
    19/12/98 - 05/01/04 -
    13/11/06 -